LA SUSCEPTIBILITÉ 3.0
La dialectique éristique, ou art de la controverse a changé de visage. Sur Facebook, elle se nourrit d’incompréhension et de susceptibilité. La susceptibilité 3.0 !
Une personne poste un texte sur sa page, en protestant contre quelque-chose, ou bien en essayant de faire une belle phrase qui va lui valoir l’admiration de tous et un très grand nombre de like !
Une deuxième personne ne comprend pas le texte et répond, non pas à ce qui est écrit, mais à ce qu’elle a mal compris.
Ou bien cherche à le critiquer en y relevant un défaut quelconque, une faute de syntaxe ou d’orthographe.
L’auteur essaie d’expliquer et, forcément, le ton pédagogique employé sous-entend que l’autre ne comprend pas bien.
Un troisième qui passait par là, trouve que le premier est vraiment trop donneur de leçon et vole au secours du deuxième qui n’avait rien demandé.
Le premier explique qu’il serait bien que les gens comprennent et lisent le texte en entier avant de critiquer.
Cette fois-ci c’est le troisième qui le prend mal et proclame qu’il revendique sa liberté d’expression et qu’il est libre de commenter le commentaire, surtout si le commentaire est désobligeant.
Ce à quoi le deuxième répond qu’il peut se défendre tout seul et qu’il n’a pas besoin d’avocat !
Le premier explique calmement qu’il entend écrire ce que bon lui semble, et que son post initial n’appelait pas de commentaire aussi rudimentaire.
Alors, évidemment, l’autre se vexe, proclame qu’on « le juge », et devient violent et injurieux en énonçant des vérités éculées qui n’ont plus rien à voir avec le post de départ !
Il renvoie le premier dans ses cordes en lui disant que s’il n’accepte ni commentaire ni critique, il ferait bien d’écrire un journal intime…
Et finalement… tout le monde bloque tout le monde !
Ce n’est donc pas l’avènement des réseaux sociaux qui va nous aider à mieux communiquer et à maîtriser notre pire ennemi, notre susceptibilité. Cette susceptibilité qui rend les dialogues impossibles, qui fait que nous ne nous écoutons pas, que nous nous sentons agressés, non respectés, stigmatisés !
Bien-sûr, il vaudrait mieux en rire… mais rire risque encore de vexer quelqu’un…
Mais ça, ne le prenez pas mal… c’est une autre Story !